La vie à l'école de 1958 à 1963 .....

    Grâce à la mémoire de certains, voici un « essai » descriptif de la vie à l’ENP à la fin des années 50 suggéré et proposé par un copain de Promo qui sera cité en fin d'exercice ...

Bien évidemment les lignes qui suivent sont loins d'être exhaustives et ne demandent qu’à être enrichies par les uns et les autres …. Alors à vos stylos.

Le recrutement à l' ENP

Les filières d’entrée sont diverses tout comme les origines géographiques et sociales des élèves.

a) En 4 éme le concours est national et commun à toutes les ENP de France. Il est à noter qu’une classe de préparation au concours existe à Vierzon , dirigée par Mr GOZARD ,dont sont issus beaucoup de copains de la 58-63.( La promotion Gozard 57/58 avait un effectif de 38 élèves dont 23 ont été reçus au concours ) .

b) En 2éme sur concours national.

c)  En prépa sur dossiers.

La prise de contact avec l'école

L es élèves qui arrivent en 4éme sont âgés de 13 à 15 ans. Tous sont internes sauf quelques exceptions. On note beaucoup d’élèves boursiers.

Un trousseau est obligatoire comportant notamment un uniforme fabriqué sur mesures chez SIVRY où chez JEANNE D’ARC. (Costume+capote+casquette). Il devait durer 5 années !!

Le linge et les effets personnels doivent être marqués au N° d’internat de chacun. Parmi le trousseau nous devons posséder une boîte à chaussures (en bois) Les blouses sont de couleur grise sauf pour les Céram’s qui sont blanches . Enfin des bleus d’atelier ainsi que des sabots !!

La première salle d’études surveillées comprend une centaine d’élèves ( 2 classes de 4 T et 2 classes de 3 T) L’effectif de chaque classe est de 33 élèves !! Le choix de la langue – Anglais où allemand – est imposé par le Surgé ( Mr VIGER ) Les Céram’s sont désignés dès la 4 éme ( une confirmation est demandée )

La dotation de l’école : Pas d’inégalités = Nous recevons tous un matériel de qualité : pied à coulisse dans son étui en bois, boîte à compas, planche à dessin, et en seconde une règle à calcul ancêtre de la calculette.

La première sortie, en uniforme, en rang et au pas est pilotée par le Surgé.

Le quotidien

Les horaires des journées sont tès chargés : Lever de très bonne heure ( 6 h00 au son de la sonnerie électrique ) apès avoir défait son lit ( voir note de service) et fait sa toilette ( pas toujours ) à l'eau froide dans ces fameux lavabos du type " abreuvoir ".   

 Ensuite petit déjeuner ( 7h00 à 7h30 )avant de passer en études. Puis vient l'heure des cours ( 8h00)avec récré dans la matinée. Déjeuner à heure précise sur ces fameuses tables de marbre (?) pour 10 élèves avec tous ces plats récurrents encore dans la mémoire de beaucoup d'entre nous. Après s'être rendu au dortoir refaire le lit , passage en études ( 13h00 à 14h00 )pour reprendre les cours de l'après midi.     

Puis repas du soir( 19h00 ), nouveau passage en études avant de monter au dortoir (21h30 )avec extinction des feux à heure fixe ( 22h00). Nota: Avant de pénétrer le dortoir, obligation de passer par la cordonnerie prendre ses chaussons afin de ménager le parquet ciré. A noter également l'enclos du pion dans chaque dortoir appelé "boquête".

Il existe également un " refuge " qu'est l'infirmerie que beaucoup ont pratiqué pour des maladies réelles ou circonstancielles avec cette ambiance de salle commune ....   Certains se souviendront de la prise de température avec les thermomètres communautaires remis dans un bocal, des techniques de montée en température ( frottement sur les draps - radiateurs etc ) En hiver 58-59 épidémie de scarlatine pour quelques uns d'entre nous avec mise en quarantaine après contrôles par prélèvements !!       

On se souviendra également :

- du froid en hiver : sabots et pyjamas en guise de sous vêtements,chauffage au compte gouttes par ces radiateurs "  tuyaux " ainsi que de la toilette sommaire,de la douche hebdomadaire éventuelle .... et de l'odeur des dortoirs au réveil !!!

- des chahuts en études, au réfectoire  et dans les dortoirs surtout à la veille des vacances

- des tabagies en études peu surveillées (en terminales)

- des chansons paillardes

- de l’absence de liens avec l'extérieur : seulement le courrier,pas de journaux,quelques postes à galène branchés sur "Allouis"  tout proche avec fil relié aux radiateurs en guise d'antenne.         

- Plus tard, transistors écoutés sous les draps (à partir de 1961)

- Ces grandes salles d'études ( 4T-3T-2T ) avec ces rangées de casiers munis de portes cadenassées.Aucunes décorations murales,seul un tableau noir derrière le bureau du "pion".

- Dans les années 58-60 les déplacements en rang pour se rendre d'une cour à l'autre,au réfectoire  etc ..                                                                             

Les études

- Les lourds emplois du temps hebdomadaires de la 4T aux Terminales ( vraiment peu de répit )

- Le passage dans les différentes spécialités d'atelier ( sauf pour les Céram's ) de la 4T jusqu'en 2T.

 Comme spécialités pratiquées on peut noter :                     Tour - Fraisage - Ajustage - Chaudronnerie - Menuiserie - Fonderie - Modelage - Forge - Outillage - Electro tech etc .. en vue d'un choix à la fin de la seconde.

 - Les matières générales et techniques comme le dessin industriel ( avec notre planche en bois et notre T + équerre ) mais aussi la Chimie, la Physique.

  ( A l'issue de la seconde, nous étions devenus des vrais spécialistes en généralités !! )

- La spécificité des Céramistes ( gentiment surnommés les pâtes molles ).

 - Le rôle des majors de classe ( pratiquement toujours les mêmes ) le suivi des présences ,des notes etc ...

 - La croisée des chemins en seconde :

    orientation en 3 Norm's  ( 1ère TI )ou 3 Spé ( 1ère TM ) selon la moyenne générale.

 - Les débouchés : Soit directement Technicien dans l'Industrie ou poursuite des études en BTS ,classes préparatoires aux écoles d'Ingénieurs

 - L'opportunité ( inespérée )pour quelques Norm's de passer le concours d'entrée aux toutes nouvelles ENI et sans le Bac. ( Metz - Tarbes - Brest .. )

 - La préparation des concours pour les Spé :

    Aménagements d'horaires,mise à disposition de locaux supplémentaires pour réviser .... les repas supplémentaires,les recommandations des Profs,ainsi que des épisodes de défoulement !!

La discipline

a)  Les notes de conduite : sur chaque bulletin trimestriel figurait une note de conduite . Si cette note s’avérait être inférieure à 10, lors d’un conseil de discipline l’élève pouvait être exclu temporairement ou définitivement. Seulement quelques cas mais il arrivait plus fréquemment que les parents soient convoqués chez le Surgé.

b) Tout le monde a plus où moins connu les « colles » du jeudi ou du samedi et Dimanche.

 Les sorties des internes :

 - Le samedi , en fin d'après midi , en uniforme sauf à l'approche du Père Cent ( en civil avec un crêpe blanc et l'insigne VZ sur le revers de le veste ).

- Sortie du Dimanche pour ceux qui ne rentraient pas dans leur famille : en uniforme et en rang !!

- Sorties libres sur signature d'un correspondant ( pour un certain nombre d'entre nous )

- Sorties exceptionnelles ( Bibliothèque municipale - rencontres sportives - Ciné Club - commémorations .... )

- Les quelques distractions de Vierzon ( Cinéma - Piscine - Maison des Jeunes - Bals ... )

La pratique du sport

- Pas de vestiaires ni de douches.

- Pas de gymnase mais un ancien atelier en bois désaffecté où l'on pratiquait le Hand et un parc ( au pied du château d'eau ) seul terrain d'exercice avec piste de 50 mètres, 2 fosses à sable pour le saut en hauteur et à la perche

- Un terrain de volley et un terrain de basket dans la cour d'honneur.

- Des courses en forêt avec Mr JACOTOT qui nous accompagnait sur son Solex ...

- Le terrain de Brouhot où l'on pratiquait le foot, le rugby mais aussi les tours de terrain !!!

Les conditions générales pour exercer :

On se souviendra également :

 - des sports collectifs pratiqués dans les murs et hors ENP ( Foot - Rugby - Basket ..)

 - le challenge du nombre 

 - les championnats et compétitions ( Foot et surtout Rugby ) Voir Photos.

 - Les tournois de basket inter-promotions dans la cour d'honneur ( très prisés par les élèves ).

Les Adultes ( Profs - Pions - Surgé ..)

- Le Père LOTTE ( l'homme aux tours à courroies )

- MAUDUIT ,ses tours à cames MANHURIN et ses célèbres sabots ( qui faisaient mal parfois !!)

- MENARD qui nous a fait visiter les chaînes transferts de chez RENAULT et qui prenait sur ses congés pour faire un stage d'été dans l' Industrie...

- CHARCUT'S - BOBIN'S - RABBIT'S - MITON - CADORET - 

  MONARD - MOULIN - CADUM - BOBOCHE - LA POUP'S -

  RABOURDIN - LA GUEN'S - MARIE CHANTAL - ..........

- Les pions courroie de transmission du Surgé mais aussi parfois complices ( CHISNEGOFF - FENDS LA BISE ...)

Les Prof's et leurs différentes caractéristiques en atelier comme en enseignement général :

- Le Directeur ( Rase Bitume ) que l'on ne voyait que pour la remise des bulletins trimestriels.

- Le Surgé véritable chef d'établissement .

Notre langage .....

- DKL ( lire "décal " )

- Poutrax

- Tuisses & les Sèches

- Le Dessduss

- Ramser

- Le Surgé - Les pions

- Le Dirlo où le Binche

- Faire le mur

- Les colles

- Les Gozariens

- La ceram's

- Les 3 /4 Norm's - Les 3/4 Spé - Nota : Ces appellations sont antérieures à 1953 avant que le cursus ne passe de 4 à 5 ans .

 - .........

Nos libertés

Très peu de libertés à l'intérieur de l'école mais toutefois quelques unes non négligeables :

- Création d'une bibliothèque autogérée en 2 ème par abondement des élèves ce qui a amené un peu de culture dans un contexte très technique.

- La gestion du foyer par les 3 Norm's et 3 Spé : les boissons  dont le fameux Cacolac - les friandises proposées par certains colporteurs dans les études surveillées.

- Notre Promo a organisé un spectacle avec montage de la pièce " 12 Hommes en Colère " qui a été jouée de nombreuses fois y compris à l'extérieur de l'école.

- L'organisation et la maîtrise du Père Cent ce qui avait demandé beaucoup de travail ( Autorisations administratives, Autorisation de Peynet , Licence IV , Décors, Orchestre, etc ...) avec un budget très conséquent géré par notre Président Goup's et son célèbre trésorier ( Ramadier ).

- Le repas du Père Cent au Berry Nord ( la veille de l'enterrement du Père Cent )

- L'organisation d'un voyage de Promo avec les bénéfices dégagés par le Bal du Père Cent. Voyage au Lavandou pour les Norm's et les Spé à 2 dates différentes. ( Voir diaporama photos ).

Quelques affaires vécues ....

- Le vol de la caisse de Promo en Terminale avec surveillances de nuit et autorisation de circuler ( voir note de service au chapitre "Documents" ). Le coupable se fera prendre ... il était étranger à notre Promo et l'on n'entendra jamais reparler de lui.

- La fabrication de copies de clés des dortoirs en 2éme ( banal en 2013 mais à l'époque !!)

- L'erreur de programme du prof d'histoire en 3 Spé ,ce qui a permis aux candidats libres de décrocher leur 1er BAC.

- Le départ de la femme du Surgé avec un élève ....

 Et les filles dans tout ça ???

- Les seules jupes à l'horizon : les Profs,la femme du Surgé.

- Le " mur " pour les plus aventureux et les plus sportifs .

- Restaient les fantasmes pour les internes qui ne partaient pas en fin de semaine .....

En conclusions ....

- Une mini-société sans ségrégations sociales,sur des bases d'égalité .

- Une camaraderie réelle ( qui se retrouve encore 50 ans après !! ) sans compétitions malsaines ce qui n'empêchait pas les engueulades et prises de bec et ainsi d'exprimer sa personnalité.

- Un esprit de corps,une " éthique ".

- Un apprentissage de l'auto gestion et des responsabilités.

- Une formation qui a atteint ses objectifs et ainsi permettre à chacun de mener une carrière professionnelle.

   mais aussi 

- Une ignorance des réalités de la Société et de l'Industie 

 ( pas de stages : une seule visite d'usine pour les Norm's ) très peu de liens avec la vie de Vierzon,très peu d'informations venant de l'extérieur.

- Un certain " formatage " puisque peu d'entre nous sont sortis du chemin qui leur était tracé. Combien d'entrepreneurs,de chefs d'entreprises,de créateurs, de professions libérales, d'aventuriers ???

L'école que nous avons connue n'existe plus aujourd'hui et dans un sens c'est mieux car elle serait totalement inadaptée au monde d'aujourd'hui.

De toute évidence l'Education Nationale n'a pas su,ou pu,faire évoluer positivement le Lycée Henri Brisson de Vierzon.

Aujourd'hui il existe une multitude de Lycées Techniques en France,qui donnent leur chance aux jeunes sans pour autant passer par le chemin quelque peu " élitiste " que nous avons suivi.

Auteur ( compositeur ) ......

 Texte suggéré et écrit sur une idée de notre ami Maurice FAVIER .

  Maurice souhaite vivement que ces différentes narrations soient améliorées de nouveaux sujets ( et il y en a ...  ) corrigées , précisées etc .....

                                                              Merci d'avance

Commentaires

guy venin

19.01.2021 10:25

une autre époque avec un vrai parcours de formation technique et des carrières possibles.

La formation technique reste aujourd'hui un parent pauvre.Bien dommage

L'éducation nationale pourrait

Derniers commentaires

28.10 | 19:26

Retrouvailles émouvantes. Merci aux organisateurs, merci à tous pour cette ambiance chaleureuse. Dans l’attente des prochaines retrouvailles

17.09 | 17:14

Le XV des Vierz'arts du tout début des années 60 à nouveau endeuillé. Gaston et son compère Sam régnaient dans les airs sur tous les terrains de l'académie.

06.05 | 16:01

nous avons tous un certain age si ce n est un age certain donc vaccines et en bonne sante Alors preparez vos bottes et votre ciré et a bientot sous les crachins bretons

19.01 | 10:25

une autre époque avec un vrai parcours de formation technique et des carrières possibles.

La formation technique reste aujourd'hui un parent pauvre.Bien dommage

L'éducation nationale pourrait